La planification et la construction des bâtiments s'inscrivent dans un réseau de plus en plus strict de normes et de directives. Mais que se passerait-il si l'on parvenait à libérer les maîtres d'ouvrage, les architectes et les ingénieurs-conseils de l'obligation de se conformer à un grand nombre de règles et de normes techniques ? C'est le sujet de la table ronde consacrée à l'initiative 'Gebäudetyp E' organisée par l'OAI le jeudi 25 avril à Luxexpo The Box (12h-14h30), dans le cadre de la cinquième édition d'ARCHITECT@WORK Luxembourg.
Supposons que vous parveniez à créer de nouvelles libertés dans le processus de planification. En tant qu'architecte, ingénieur-conseil ou urbaniste, vous êtes alors en mesure de déterminer vous-même les bonnes qualités et d'encourager l'innovation pour simplifier les processus, réduire les émissions de CO2 et baisser le coût des projets. C'est précisément l’objectif du "Gebäudetyp E" (modèle de construction E), un concept venu d'Allemagne, où le E peut avoir plusieurs significations, telles que Einfach (construction simple ou sobre), Experimentell (expérimental) ou Entscheidungsfreiheit (liberté de choix).
Pierre Hurt, directeur de l'OAI, animera la table ronde.
Bayerische Architektenkammer
Pour en savoir plus sur ce "Gebäudetyp E" lancé par la Bayerische Architektenkammer, nous avons frappé à la porte des initiateurs de la table ronde. L'Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI), regroupe cinq professions libérales : architectes, architectes d'intérieur, ingénieurs-conseils, urbanistes et architectes-ingénieurs paysagistes. Michelle Friederici, présidente de l'OAI, et Pierre Hurt, directeur de l'OAI, qui animera la table ronde, justifient le choix de ce thème, mais expliquent aussi plus en détail ce que cela pourrait signifier pour le Luxembourg dans un avenir proche.
"Le problème est bien connu. Les normes et les directives se multiplient et déterminent en grande partie l'exécution technique des bâtiments, ainsi que les dimensions et les normes d'équipement. Cependant, elles poussent souvent les exigences de confort à des niveaux perfectionnistes qui vont bien au-delà de ce qui est nécessaire et elles continuent à se développer", explique Michelle Friederici. "En conséquence, les clients et les concepteurs ont de moins en moins de marge de manœuvre lorsqu'il s'agit de déterminer les priorités et les qualités de leur projet. Pour garder un certain contrôle sur les finances, les clients et les planificateurs sont obligés de faire des compromis sur la qualité de l'aménagement de l'espace et la durabilité des matériaux."
Changements législatifs
"Il importe de favoriser des solutions “Less is more if Less is Quality and Health”, selon le principe de la "sobriété heureuse" (Suffizienz), avec le secours d’une conception architecturale et technique ingénieuse soucieuse d’un usage raisonné des ressources", ajoute Pierre Hurt.
"La durabilité ne consiste pas seulement à fixer des objectifs ensemble, mais aussi à garantir une conception de qualité, adaptée aux besoins réels des utilisateurs", reprend Michelle Friederici. "Il ne s'agit pas de créer de nouvelles règles ou de nouveaux catalogues de modèles, ni de développer des types de logements simples, mais plutôt de planifier librement avec moins de règles. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives, avec tout un nouvel éventail de possibilités".
Michelle Friederici, présidente de l'OAI : "L’objectif est de planifier librement avec moins de règles".
"Le résultat est clair", affirme Peter Hurt. "Si les maîtres d'ouvrage et leurs designers veulent innover dans leurs projets, ils manquent souvent de liberté dans leurs décisions et n’ont pas la possibilité d’aller vers une construction innovante et économe en ressources. "
Soutien du monde politique
Bien entendu, ce n'est pas un hasard si l'OAI met justement ce sujet à l'ordre du jour. Après un bon accueil en Bavière, la démarche semble aussi très bien accueillie au Luxembourg. Dans la foulée, même les politiciens se sont ralliés au projet, comme en témoigne la participation du ministre de l'intérieur, Léon Gloden, à la table ronde.
"Le choix a été dicté par l'actualité ; il est clair que cette initiative concerne également le Luxembourg en tant qu'État", explique Pierre Hurt. "Ici aussi, nous ne voulons pas seulement construire, mais simplifier la construction. Nous aspirons à créer une communauté heureuse, assurant le bien-être et la qualité de vie de ses habitants, sans surrèglementation. En examinant ce qui est essentiel à la construction, on voit qu’il y a énormément de choses que l’on peut faire. La construction peut non seulement être plus simple, par exemple, mais aussi beaucoup plus sobre, écologique ou expérimentale."
Projet pilote "Gebäudetyp E" par hey ! Architektur en Allemagne (complexe résidentiel de Haunstetten).
"Avec la multiplication des normes, nous avons été poussés dans une forme de travail rigide, qui ne laisse plus de place pour l'architecture, et cela doit changer. Nous sommes donc ravis de constater que le nouveau gouvernement, en la personne du ministre de l'Intérieur, est à l'écoute de propositions visant à simplifier le cadre de la construction. Par conséquent, avec cette table ronde, nous avons un double objectif. D'une part, informer les membres de ce qui se passe, et d'autre part, nous voulons aussi stimuler davantage le débat public au Luxembourg ! ”
Détails pratiques
Où : Luxexpo The Box (Entrée Nord)
Quand : jeudi 25 avril, de 12h à 14h30
Participants à la table ronde : Florian Dilg (l'un des initiateurs du projet, qui, en tant qu'architecte et urbaniste de l'agence munichoise ARCHiTEKTUR:ZWiNGEl/DilG, introduira les débats), Léon Gloden (ministre de l'Intérieur du Luxembourg), Michelle Friederici (présidente de l'OAI), Paul Nathan (vice-président de la Chambre de commerce), Patrick Nosbusch (vice-président de l'OAI) et Pierre Hurt (directeur de l'OAI et modérateur de la table ronde).
Comment participer : inscription avant le 22 avril 2024 sur le site www.oai.lu (rubrique 'Agenda'). Attention, le nombre de participants est limité !
Ceci est une traduction d'un article écrit par Jan Hoffman
Toutes les photos © OAI