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Antoine Pompe, pionnier oublié du modernisme belge

12 décembre 2024

Antoine Pompe. Ce nom vous dit quelque chose ? Non ? Cela n’est pas surprenant, même si ce Bruxellois d’origine est considéré comme l’un des pionniers du modernisme. S'il n'a pas la notoriété de grands noms belges comme Louis-Herman de Koninck ou Huib Hoste, cet architecte autodidacte a tout de même eu une influence indéniable et on peut encore admirer quelques-unes de ses créations, notamment à Bruxelles et dans ses environs.

 

door Jan Hoffman

 

Le moins que l'on puisse dire d'Antoine Pompe, c'est qu'il était un « specialleke » à plus d'un titre. Et pas seulement à cause de l’âge vénérable jusqu’auquel il a vécu : né à Bruxelles, il est décédé à Uccle à l’âge de 106 ans (1873-1980).

 


La Villa Grunewald à Uccle, une des habitations les plus luxueuses conçues par l’architecte durant sa carrière.


Au départ, rien ne laissait présager que Pompe marquerait l'architecture, principalement à Bruxelles, une discipline dans laquelle il n'a d'ailleurs jamais obtenu de diplôme. Fils d'un orfèvre néerlandais émigré à Bruxelles, il fréquente l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles où, dès l'âge de 13 ans, il s'initie au dessin, à la gravure et à la sculpture sur bois. En 1890, il entre ensuite à la Königliche Kunstgewerbeschule de Munich, où il se perfectionne en dessin et en sculpture. De retour à Bruxelles en 1893, il commence par travailler comme dessinateur dans une fabrique de tapis, puis dans une entreprise de construction métallique.

 


Croquis de la transformation de la maison de la famille Pompe, Rue du Châtelain 47 à Ixelles.


Où donc est le lien avec l'architecture ? Il faut pour cela patienter jusqu'en 1899, quand par un heureux hasard il est amené à travailler comme dessinateur au service de Victor Horta, notamment pour la création du pavillon du Congo lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris. Après ces premiers pas dans le monde de l'architecture, l'avenir commence à se dessiner plus clairement lorsqu'il entre au service de l’architecte George Hobé pour qui il travaillera comme dessinateur jusqu'en 1903. Puis en 1904, il devient l'assistant d'Adhémar Lener, avec lequel il réalise son tout premier projet : une devanture de magasin sur l’Avenue Louise à Saint-Gilles. Ce projet va marquer le début de sa carrière d'architecte. Au fil du temps, il va intégrer de plus en plus d'éléments du modernisme dans ses projets. Il va essentiellement simplifier les éléments du style Art nouveau alors dominant et donner à ses bâtiments un caractère plus fonctionnel.

 

Comme nous l’avons souligné plus tôt, Antoine Pompe était « un cas spécial », une caractéristique qui s'illustre dans un autre de ses traits typiques. Architecte autodidacte, l’homme s’est formé au modernisme mais aussi, après un stage auprès de différents architectes à Stuttgart, à la conception et la fabrication de meubles. Et ses meubles ont marqué une véritable rupture avec le style Art nouveau du début du 20ème siècle.

 


Pompe s'est fait connaître, entre autres, pour ses cités-jardins, ici la « cité-jardin » Pompe-Rubbers à Rhode-Saint-Genèse. Ce patrimoine architectural, classé depuis 2021, est constitué de 12 maisons d’employés.

 

Parcours d'architectes


Pourquoi mettre en avant cet architecte, alors qu’aujourd'hui, il n’est connu que d’une poignée de « happy few » ? Parce qu’Eric Hennaut vient de publier un livre consacré à Antoine Pompe, où il s’attarde en détail sur ses diverses réalisations. Cet ouvrage constitue le deuxième volet de la série « Parcours d'architectes », une collection d’ouvrages d’architecture traitant de façon monographique de l’œuvre d’architectes ayant marqué le paysage bâti de Bruxelles après la Première Guerre mondiale. Cette collection s’attache au parcours d’architectes dont le travail est moins connu du grand public mais qui gagnerait à l’être tant il intègre une relation intime avec la ville.

 

Chaque volume met en lumière un parcours singulier, au sens propre comme au sens figuré, dévoilant le patrimoine bâti autant que les facettes mal connues et peu étudiées de l’histoire urbanistique de la capitale. Le volume consacrée à Antoine Pompe propose de redécouvrir l’œuvre et la pensée originales d’une figure centrale et indépendante dans la naissance de l’architecture moderne en Belgique.

 

 

Plus d'informations

« Antoine Pompe. Parcours d’architectes » est une publication du Fonds Mercator.

Ce livre de 144 pages à couverture souple a été publié en coédition avec Docomo et coûte 35 euros. Plus d’infos et commandes via www.mercatorfonds.be/fr

 

Toutes les photos © Fonds Mercator

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