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Prendre un bol d’air frais, profiter du silence et du calme, explorer pour un temps de nouveaux horizons... Le désir d’évasion est de plus en plus présent chez beaucoup de gens . Même les citadins les plus irréductibles finissent par prendre des mini-vacances, loin de tout, redonnant peut-être à la notion de « foyer » une nouvelle dimension.

Comment nos voisins allemands et autrichiens gèrent-ils le lâcher-prise au quotidien ? Eh bien apparemment de plus en plus en créant de petites fenêtres temporelles, loin des soucis. Les gens ont de nouvelles attentes, générées par le stress de notre époque et une envie de (re)connexion avec la nature, auxquelles le marché s’efforce de répondre. On voit fleurir des destinations aisément accessibles, souvent pas trop éloignées des agglomérations, où s’offrir une pause et apaiser son corps, son esprit et son âme. Le sentiment de vacances doit commencer dès le trajet, l'objectif étant de savourer pleinement son (petit) break quasiment dès que l'on franchit la porte de chez soi.

Aujourd'hui ici, demain ailleurs : les cabanes Raus sont autonomes en énergie et mobiles. Photo © Noel Richter

Une plateforme berlinoise judicieusement baptisée « Raus » (« Dehors »), s'est spécialisée dans les expériences immersives au cœur de la nature, offrant précisément ce type de rupture avec le quotidien. Raus propose des sortes de cabanes qui font entre 16 et 18 m². Ces cabanes peuvent être installées n'importe où, de sorte qu’elles restent aisément accessibles mais suffisamment éloignées du train-train de la vie professionnelle pour offrir un vrai break. Comme elles ne sont pas définitivement implantées dans le sol, elles n’accaparent pas le terrain. Elles sont équipées d'une cuisinière, d'un réfrigérateur, d'une douche, de toilettes sèches, de lits et d'un petit poêle à bois. Ce qui est à peu près tout ce dont vous avez besoin pour souffler un peu. Vous devez simplement être prêt(e) à cuisiner vos repas.

Les grandes fenêtres panoramiques renforcent la sensation de détente. Photo © Noel Richter

Ces cabanes mobiles sont le fruit de l'imagination de Sigurd Larsen. Larsen exerce le métier d’architecte et est également professeur à la haute école internationale de Berlin. Avec son équipe, il s’est attelé à fonctionnaliser au maximum l'espace en utilisant seulement quelques mètres cubes, tout en encadrant littéralement la vue idyllique à l'aide de grandes fenêtres allant du sol au plafond.

“Ce fut un défi mais aussi une source d'inspiration pour nous, car le champ des possibilités était clairement défini. Pour donner une impression de grandeur à la petite pièce, nous avons centralisé tous les équipements et commodités d’un côté et aménagé le reste avec de hauts plafonds et de grandes fenêtres panoramiques. Le lit, le canapé, le lit superposé et la salle de bains sont nichés dans des alcôves, formant un mur habité”, explique Larsen. “Nous avons ainsi créé une sorte de grotte où l'on peut se glisser et qui procure un sentiment de protection, à laquelle vient s’ajouter une vue dégagée sur tous les autres côtés.”

Dans ce type de logement, la nature occupe une place de choix jusqu’à l’intérieur. Photo © Noel Richter

La première cabane installée à Wehrmühle sur le domaine d’Art Biesenthal près de Berlin, a rencontré un succès aussi retentissant que toutes les autres cabanes mises en service depuis 2022. L'intérieur est en bois teinté, évitant les reflets gênants dans les vitres et la nature se pose en vedette de l’expérience. Les fenêtres de toit dans la salle de bain et au-dessus du lit superposé, permettant de voir jusqu'à la cime des arbres, apportent elles aussi une touche particulière. Le matin, le soleil brille à travers le toit, tandis que la terrasse est agréablement située à l'ombre pendant la journée et permet d’admirer le coucher de soleil le soir : “L’endroit est conçu pour que chaque visiteur puisse s’approprier les lieux et s’y sentir chez lui, même juste l’espace d'un instant suspendu. C’est véritablement ce à quoi aspire notre cabinet d’architecture.”

Désintoxication matérielle :l’essentiel de vos besoins, rassemblé sur quelques mètres carrés. Photo © Noel Richter

Souhaitant proposer des vacances courtes sans long déplacement en Autriche, Raus ajoute à son offre quatre hébergements dans des régions pittoresques entre Vienne et Salzbourg. Il s’agit de la première incursion en dehors de l'Allemagne, marquant le début d'une nouvelle expansion pour l’entreprise. Cette initiative s’inscrit dans la tendance aux voyages doux et respectueux, et permet de passer du temps dans la nature tout au long de l'année et de vivre intensément les saisons.

De la vie et du vin : des pavillons en bois minimalistes harmonieusement intégrés dans le paysage. Photo Toni © Rappersberger

Le bureau d’architecture viennois Pichler & Traupmann s’est lancé dans une démarche inhabituelle pour un hébergement en profonde connexion avec la nature. Il a imaginé de petits cubes d'habitation discrets au milieu des vignes pour un client propriétaire d'un vignoble et d'un restaurant primé à Deutsch Schützen dans le Burgenland. Destinés à l'origine à servir de simple hébergement après une dégustation de vin, ils sont finalement devenus une destination d'escapade et de vacances recherchée.

Dialogue à la campagne : relation particulièrement réussie entre la nature et l’architecture. Photo © Toni Rappersberger

“Notre travail est connu pour créer un dialogue avec le paysage, ainsi que pour sa sensibilité au contexte spécifique, son haut degré d'innovation et son interprétation moderne de projets de construction inhabituels. Dans ce cas précis, ces éléments ont été des facteurs clés dans l'élaboration du projet, car l'objectif était de combiner l'originalité, la simplicité et la qualité méditative du lieu avec une ambiance sophistiquée”, expliquent les architectes Hannes Traupmann et Christoph Pichler pour détailler l'idée derrière ce projet.

Avec une omniprésence de la nature, ce n’est pas seulement le corps qui s’apaise ici mais aussi l’âme. Photo © Toni Rappersberger

Dix unités d'habitation en bois ont été construites en un temps record de 100 jours, chacune avec deux lits et un canapé supplémentaire. La position des unités d'habitation indépendantes est calquée sur la succession des rangées de vignes. Implantées dans les vignes, elles restent néanmoins à une distance respectueuse. Pour profiter au maximum du spectacle, de grandes fenêtres laissent entrer la nature, permettant aux hôtes de s’en imprégner totalement. Car la nature reste l’élément central de ce projet : le gros-œuvre et les finitions sont entièrement réalisés en bois, un matériau renouvelable. Le bâtiment est alimenté par des sources d'énergie renouvelables.

Du bois à perte de vue : un concept durable pensé dans les moindres détails. Photo © Toni Rappersberger

Face à la demande, 16 de ces hébergements au design épuré ont été ajoutés au terrain, plus un restaurant et un centre de bien-être. Cependant, il était important de conserver le minimalisme initial du concept. Les nouveaux cottages ont été construits à l'aide d'une ossature bois avec des panneaux de bois verticaux, et des chemins serpentant à travers les espaces verts qui les séparent. Le tourisme peut aussi être paisible, et on en profite d’autant plus quand on peut réellement s’évader et faire une pause.

Avec l’ajout du restaurant, de l'espace bien-être et d'autres logements, le projet a encore pris de l’ampleur. Photo © Toni Rappersberger

 Cet article est une traduction retravaillée par Jan Hoffman d’un article de Barbara Jahn.

Image principale © Noel Richter